Arnaud Guillou
Directeur artistique
Quel est ton parcours ?
Après le Centre de Musique Baroque de Versailles et un prix de chant du CNR de Saint-Maur des Fossés, c’est diplômé du CNSM de Paris en 2006, que je m'ouvre naturellement à une humble carrière de chanteur lyrique.
15 ans plus tard, l'opéra, la scène et la voix me fascinent toujours autant et je me suis rendu compte qu'il y avait nombre de façon de partager cette fascination au-delà d'une scène d'opéra.
Quelles sont ces différentes façon de la partager ?
Bien sûr, il y a la scène, le plaisir indicible du partage avec un public venu voir un spectacle, un concert, une expo, une performance... Mais il y a aussi tout le domaine de la transmission qui, pour moi, est encore et toujours un geste artistique.
Concrètement, tu fais quoi ?
En 2015, je décide de me retrousser les manches et de créer mon labo. La compagnie, Les Voix Élevées - Les Mains dans le Cambouis voit le jour. Élevées parce que je vise l'excellence dans tous mes projets de création, et Cambouis parce que je n'hésite pas à mouiller la chemise dans les projets de sensibilisation culturelle.
Concrètement, je crée des spectacles, pluridisciplinaires, pour avoir à disposition une palette artistique large. Cette pluridisciplinarité nous permet de proposer des ateliers très divers autour de la création pour ouvrir des accès à tous, vraiment à tous, à l'art lyrique.
À côté de ça, j'enseigne le travail de la scène, au CNSMDP, je prête ma voix à un podcast d'histoires pour enfants, je prépare des étudiants en prépa à leurs oraux de concours, et j'accompagne des groupes de musique de chambre qui s'intéressent au concert dit de médiation. Tout tourne autour du pouvoir de la voix, des mots.
Après les quelques années d'existence de la compagnie, un petit bilan?
Que du positif ! L'art et la pratique artistique sont de formidables creusets de rencontre et de lien ! Pour écouter et donner son avis sur un morceau de musique, une pièce de théâtre, un tableau, un spectacle chorégraphique, aucun pré-requis ! C'est le domaine de la sensibilité, de l'émotion, de l'inconscient qu'on explore. Il suffit juste de se donner le droit de ressentir. Et je te garanti qu'il y a plein de gens qui ne s'autorisent que difficilement cette introspection sensible.
La suite pour toi, c'est...
C'est nous attacher à travailler avec des personnes fragilisées par la vie. Sans doute parce qu'un épisode de ma vie m'a fondamentalement fragilisé, je suis devenu encore plus sensible à la problématique de la mise sur le banc de touche du droit à la culture de cette partie de la société. Travailler artistiquement avec des personnes cabossées et malmenées par leur vie est une richesse inouïe. Rien à voir avec une posture de bonne conscience : j'aspire à être, avec les gens qui travaillent avec moi, un des maillons qui raccrochent le monde à ces personnes, et vice-versa.
Si tu devais avoir un super pouvoir, ce serait lequel ?
J'en voudrais plein !! Mais si je dois choisir, je crois que j'aimerais le pouvoir de consoler, instantanément. Cela dit, dans l'art, je trouve un peu de ce super pouvoir-là : il ne permet pas de guérir mais de mettre un peu de baume pour, peut-être, favoriser une cicatrisation, apporter un peu d'oxygène et faire bourgeonner la joie.
©ADELAP
2010 - present
2010 - present